Histoire

Saint-Palais, une cité Navarraise importante sur un Grand Chemin de l’Humanité

Le nom de Saint-Palais apparaît aux environs du 12ème siècle.
On y entend le patronage de Saint-Pelage, otage martyrisé à Cordoue en 926.

La ville devient une fondation du Royaume de Navarre aux alentours du 13ème siècle.

Avec son « prieuré–hôpital », elle s’affirme dès lors comme une
étape essentielle du Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.

En proximité des quatre gués importants qui permettent de franchir la rivière Bidouze et autour de la colline Saint-Sauveur qui domine la ville, se rassemblent en effet au quartier « Gibraltar », les voies principales de Tours, Vezelay et du Puy du Pèlerinage. De là, un axe principal conduit alors les marcheurs à Roncevaux et Pampelune par les étapes d’Ostabat et Saint Jean Pied de Port. Une stèle marque le Carrefour Européen des Chemins de Saint-Jacques- de- Compostelle en proximité d’un tronçon d’itinéraire classé « Patrimoine Mondial de l’Humanité » par l’UNESCO.

Mais les millions de pèlerins qui n’ont cessé de parcourir ces chemins depuis près de 1 000 ans ont, eux aussi, emprunté une voie de communication beaucoup plus ancienne.

Chemin de Saint-Jacques

Chemin de Saint-Jacques

oxocelhayaLes fouilles archéologiques conduites sur les sites exceptionnels des grottes d’Isturits et d’Oxocelhaya ou d’Arancou très proches de Saint-Palais, attestent d’une présence humaine continue depuis environ 50 à 80 000 ans.

Nous savons maintenant que toutes ces différentes cultures de la préhistoire empruntaient déjà cet axe de communication entre l’Europe et la Péninsule Ibérique jusqu’aux périodes du néolithique.

Bien plus tard, au début du 1er millénaire, les Romains suivirent les mêmes trajets pour relier sur la grande voie Romaine, Bordeaux à Astorga en vallée de l’Ebre. On trouve encore dans notre environnement les traces de leurs présences pendant près de 4 siècles.

Puis, après les nombreux peuples « barbares », les wisigoths dominèrent eux aussi toutes ces régions pendant près de trois siècles et continuèrent d’emprunter ces itinéraires.

C’est aussi par l’axe de la vallée de la Bidouze et les cols de Cize que sont passées les armées de Charlemagne. En cette année 778, l’Empereur Carolingien met à sac et brûle la belle et très ancienne ville de Pampelune. Mais à Roncevaux, les montagnards navarrais, avec sans doute des alliés maures, attendaient son arrière garde commandée par Roland qui souffla en vain dans son oliphant.…

Pour le meilleur des échanges de toutes sortes ou le pire des guerres, cette voie de communication traversant les Pyrénées par la vallée de la Bidouze, Saint-Palais et toute la Basse-Navarre, fût bel et bien sur une période très longue, un Grand Chemin de l’Humanité.

Vers le 10ème siècle apparaissent autour de Pampelune, les prémices du Royaume de Navarre.

Il grandira et s’établira peu à peu des deux côtés des Pyrénées sous les dynasties des Sanche, dont le roi le plus éminent, Sanche le Fort. On peut dire que l’existence de cette si importante voie de communication, par les richesses et les échanges qu’elle procure, structure profondément le Royaume de Navarre. Beaucoup d’historiens s’accordent à dire qu’elle en est peut être son essence même et sa raison d’être.

Blason de la Basse Navarre

Durant une très grande période allant du 12ème au 16 siècle, une lignée de Princes Français règne sur la Navarre. De Saint-Palais, au blason Navarrais de chaine d’Or avec une émeraude en son centre, ils font une cité Navarraise importante. Charles II de Navarre y crée, pour battre monnaie, un atelier qui fonctionne jusqu’au 17ème siècle.

Au 14ème siècle, Saint-Palais est une ville de Foire et de marchés où s’échangent vins, céréales, animaux, sels, poissons… produits de Bayonne et d’Aquitaine sous domination Anglaise du 12ème au 15ème siècle.

En 1512, les armées de Castille de Ferdinand le Catholique prennent Pampelune et la Navarre qui, en conservant ses fueros et ses privilèges, sera désormais liée à l’Espagne.

Les derniers rois de Navarre, Catherine de Navarre et Jean d’Albret se réfugient à Saint-Palais. Leurs fils, Henri II de Navarre, marié à la sœur du roi de France, François 1er, essaie sans succès de reconquérir le Royaume depuis Saint-Palais. Il a un petit fils qui porte le nom et le titre d’Henri III de Navarre. Il deviendra célèbre.

Le 1er août 1589, Charles IX roi de France sera victime d’un attentat mortel. Il est sans succession. Avant de mourir, il reconnaît formellement son successeur légitime. Henri III devient alors Henri IV de France et de Navarre. Il conserve son titre mais aussi sa domination sur cette petite partie du Royaume de Navarre au Nord des Pyrénées. A la lumière de ces événements on comprend mieux le sens et l’origine de l’expression très souvent employée « de France et de Navarre ».

Dès lors et jusqu’à la Révolution Française, Saint-Palais demeure la « Capitale du Royaume de Navarre ». la ville accueille et abrite les délibérations des Etats de Navarre, puissante institution dirigeante locale et la chancellerie de Navarre dans l’église Saint Paul, siège actuel de la Communauté de Communes d’Amikuze.

Après quelques soubresauts lors de la Révolution Française où Saint-Palais devient pour quelques temps « Mont-Bidouze », cette ville aux portes de la Navarre, du Béarn et des Landes connaît un lent développement. Le train arrive à Saint-Palais vers la fin du 19ème siècle, puis au début du 20ème siècle « l’électricité ». On attendra les années 50 et 60 pour l’adduction d’eau potable et l’assainissement… Mais déjà en 1884, Marcelin Clèdes rédige et publie le journal de Saint-Palais hebdomadaire toujours en vie. Comme tant d’autres communes, Saint-Palais paiera un très lourd tribut aux deux guerres mondiales du 20ème siècle et nombre de ses enfants participent aussi aux conflits de la décolonisation.